Rente nucléaire (suite)

Suite à ma note sur la rente nucléaire du 27 mai dernier, j’ai revisité quelques chiffres anciens pour reconstituer d’une autre façon les mystérieux et plantureux bénéfices d’Electrabel en Belgique.

Les prix à la production étaient en 2000 de l’ordre de 30 euros par mwh (chiffres du Comité de Contôle du Gaz et de l’Electricité)
Les prix de vente en 2010 sont de 76 euros ( chiffres Electrabel) pour une grande partie de la production ( celle vendue via ECS), et probablement au minimum 60-65 euros/mwh en moyenne pour les 200 plus grands consommateurs ( ceux que je connais payent beaucoup plus cher que cela, mais ce sont des entreprise moyennes, parfois consommateurs importants). Disons en moyenne 65 euros pour la production d’Electrabel en Belgique

Soit une augmentation de 35 euros/mwh depuis 2000,  sur une production de l’ordre de 80 Twh (le fait qu’Electrabel vende ou échange une partie de leur production belge avec d’autres producteurs ne change rien à sa rentabilité, sauf que cela permet peut être de transférer discrètement cette rentabilité), soit environ 2,8 Millards euro de potentiel d’augmentation de profit. Sans compter la production Electrabel de la centrale de  Chooz,  aussi payée par les consommateurs belges.

Les augmentations de coût que j’identifie sont plutôt limitées ; le cout du charbon et du gaz (le coût de ce  gaz est lié à celui, en augmentation relativement réduite, du charbon), représentent au maximum une augmentation en moyenne de 20 à 30  euros par Mwh, sur environ 35 Twh de production non-nucléaire, soit au maximum 1millard d’euros.  Diminutions de coût probable dans les frais de personnel ( forte diminution d’emploi en production depuis 2000), et diminution des amortissements. De plus Electrabel reçoit des subsides importants pour de la production peu coûteuse de vieilles centrales à charbon reconverties au bois (en grande partie importé, … du Canada), considérée (généreusement, mais la Belgique est généreuse avec Electrabel) comme de la production « renouvelable ».  Bref, des coûts en augmentation probablement de moins de  750-800 millions d’euros.

Donc une augmentation des bénéfices de 2 milliards environ entre 2000 et 2010

Les bénéfices en production en 2000 devaient ètre de l’ordre de 500 millions (on dispose de chiffres pour l’activité Production et Transport combinée). Si on ajoute 2 millards entre temps, on arrive aujourd’hui à environ 2,5 milliards, à quoi il faut ajouter plusieurs centaines de millions qu’Electrabel obtient d’Elia pour assurer le back-up du réseau, avec la station de pompage de Coo, entièrement payée par les consommateurs belges. Bref, ici aussi, on est entre 2,5 et 3 millards d’euros de profit annuels. Electrabel déclare 850 millions de bénéfices, et refuse de s’en expliquer.

Face à une éventuelle taxation de ces bénéfices au titre de l’abus de la rente nucléaire payée par le consommateur, la maison-mère d’Electrabel, GDF-Suez s’offusque et menace de quitter la Belgique( comme si on quittait sa vache à lait). Il faut savoir que GDF-Suez doit absorber des pertes considérables (probablement plus d’1, voire 2 millards par an) en France du fait du blocage des prix du gaz. Ces ponctions considérables du fait de décisions du gouvernement français semblent beaucoup moins émouvoir la direction du GDF-Suez.

26 octobre 2011

Eric De Keuleneer

Posted by Eric De Keuleneer at 10:09